mardi 17 mars 2009

L'Enfant et le Hareng saur


Monsieur mon frère détestait le hareng saur. Il est vrai que notre mère connaissait sans doute le chemin de la cuisine, la place des ustensiles, mais ignorait l'alchimie culinaire.

De temps à autre nous avions droit au hareng saur sorti directement du grand tonneau rempli de saumure et atterri dans notre assiette sans passer par la case accommodement. La faim et le spectacle de la dissidence fraternelle me conduisaient à mâcher, mâcher, mâcher l'horrible pitance. Surtout la comédie jouée par mon frère me divertissait et me distrayait de la chose sortie de la mer, mais non pas de sa salinité intense.

Le frère avait repoussé son assiette, croisé ses bras sur le rebord de la table et posé sa tête sur cet oreiller d'écolier cancre au fond de la classe, près du poêle. Moi, je gloussais de lui voir une paupière s'ouvrir de temps en temps et un oeil rieur me regarder. Comedia dell'arte ! aurait dit mon père, s'il avait assisté à la scène. Et ma mère ? Elle ne prenait jamais ses repas avec nous. Elle était officiellement au régime pour mieux se jeter sur nos restes, une fois que nous aurions quitté à nouveau la maison ou rejoint nos chambres pour la nuit. Mon père se gaussait de cette rengaine, car d'amaigrissement, point ne venait.

La fenêtre en rez-de-chaussée était ouverte sur un paysage campagnard sillonné par des vagabonds à quatre pattes, qui allaient et venaient sur un territoire qui n'appartenait qu'à eux, la queue haute, l'allure souple et silencieuse et qui cherchaient fortune en dehors de leur pitance habituelle. Un rouquin tigré sauta sur le rebord de la fenêtre. La truffe en alerte, il humait le fumet qui se dégageait d'une certaine assiette. Il n'hésita pas. Il sauta sur la table, s'accroupit et plongea sa tête dans l'assiettée de monsieur mon frère. Celui-ci jouait la montre, attendant l'heure échappatoire de retourner à l'école. La tête toujours sur ses bras croisés, il surveillait le chat, avec un sourire jubilatoire.

Grippeminaud, devait avoir un rendez-vous urgent, car il dévora son hareng sans barguigner. Il disparut par la croisée sans merci ni au revoir. Pour le coup mon frère n'avait plus besoin d'alibi.

Notre mère entra peu de temps après le départ du chat et complimenta mon frère. Je ne mouchardais pas, trop contente qu'un matou nous eu vengé d'un plat aussi abominable.

vendredi 27 février 2009


Cet après-midi, je me suis amusée avec Adobe Photoshop Elements 5.0, que je ne connais pas du tout. J'ai voulu l'utiliser comme PaintShopPro ou PhotoFiltreStudio. Je n'ai pas pu.
Avant-hier, j'ai été obligée de restaurer le disque dur. Deux heures pour l'écrasement et la réinstallation de Windows Vista. Deux heures supplémentaires pour recharger les programmes et mes documents. J'ai gagné 30 Go dans l'histoire. En fait, tout ce que l'on supprime au fil des mois reste sur le disque. Du coup j'ai activé Adobe Photoshop Elements par curiosité.
Pour l'instant, je me suis inscrite sur un site pour me perfectionner avec PaintShopPro et PhotoFiltreStudio. Comme je l'ai connais un peu. Ainsi, je pourrais agrémenter mes deux blogs.
Mon mari a perdu son dernier frère il y a presque deux semaines. Sa belle-soeur l'avait appelé un matin de très bonne heure pour qu'il vienne assister à ses derniers instants. Le plus pénible a été de voir ce corps torturé par des souffrances qui avaient duré quatre mois. Il était allé au Val-de-Grâce pour un contrôle de routine. Il n'en est jamais ressorti. Ma belle-soeur avait un studio à sa disposition. Mercredi ils se sont embarqués, le cercueil dans les soutes, pour Ajaccio. L'enterrement a eu lieu hier après-midi. Sur les quatre frères, il ne reste plus que mon mari qui a fêté ses 70 ans en janvier.
Du coup, au téléphone, on a décidé, qu'à son retour, on réfléchirait à nos obsèques pour embêter le moins possible ceux qui restent. Il a renoncé à se faire enterrer là-bas. Trop cher et puis sa vie est ici depuis plus de trente ans. Le fils est né ici, il a sa vie ici, moi, je ne pense pas que je retournerai dans le sud-ouest où, pourtant, j'ai passé les années les plus heureuses et les plus libres de ma vie.
C'était le petit clavardage du jour.
Bonne fin de journée.

samedi 21 février 2009

La Fuite.


La table rectangulaire se dressait contre le mur, sous la baie vitrée. Le balcon était en hauteur. Pour y accéder il fallait grimper sur la table. Ma mère m’y jucha et mon père, qui nous précédait, me prit par le bras. Nous allâmes jusqu’au bout du balcon, devant un fenestron que mon père ouvrit. C’étaient les cabinets. Ils attenaient au bureau du directeur, qui lui, avait déjà rejoint la métropole. La pièce était vaste et luxueusement meublée, même le bureau. Dans mon souvenir, couleur acajou. les persiennes étaient closes, mais le soleil d’Afrique se glissait entre les lames de bois. Mon père ouvrit un tiroir et en saisit un automatique.


J’avais quatre ans.


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Dans la cour de l’école, qui était vaste et toute blanche de lumière et de sable, un arabe en djellaba s’accroupit pour se mettre à ma hauteur. Il tenait un fusil et me tendit un bonbon. Mon bras se tendit, mais ma mère me le rabattit avec brutalité.


Pas de bonbon pour la petite fille. L’homme me parlait avec douceur.


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Dehors, la fourgonnette (la même en tôle ondulée que celle de « Louis le Brocanteur ») des gendarmes nous attendait. A l’intérieur, une femme pieds nus, les jambes en V, le dos contre une paroi, sanglotait à grand bruit.


Moi, on me cala à l’avant de la camionnette, entre les deux gendarmes, une fesse sur chaque barre des sièges de la Citroën. Mon père était debout sur le marchepied droit, se cramponnait de la main gauche au rebord intérieur de la portière et il tenait l’automatique de la main droite.


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Une maison avec un péristyle, comme celles des états sudistes d’Amérique. Un paon y faisait la roue.


Encore une grande pièce aux volets fermés, mais la lumière y était allumée. Une grande table et un long buffet bas avec un voilier dans une bouteille.


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Ma mère me saisit et me jette par la fenêtre dans les broussailles. La fenêtre est basse et on peut l’enjamber facilement.


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Dans l’avion, ma mère mange dans un plateau à compartiments. Il y en a un exprès pour la petite bille blanche que je vois. Ma mère me la tend et je l’avale. Première rencontre avec du chewingum.


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Je ne me souviens de rien d’autre de ce rapatriement du Maroc.

vendredi 20 février 2009

Introduction - Souvenirs Mosaïques



L’inconscient règne en maître sur nos souvenirs. Il les précipite sans remord dans des oubliettes anesthésiantes.

Certains s’échappent et surgissent au gré du caprice des évènements. Nul ne peut prédire quel morceau de puzzle voguera sur l’écran de notre esprit. Pourquoi ne pas les laisser vivre à leur gré. Tantôt ils sont nos amis, tantôt nos ennemis. Assurément, ils sont nos compagnons.
Je vais tâcher de les accueillir avec bienveillance. Après tout, chez moi, ils sont chez eux.
Le plus simple est de commencer par les plus lointains.

mercredi 18 février 2009

Souvenirs en mosaïque, la page de garde



J'ai passé une bonne partie de la journée à m'amuser avec des fonctions de Word que je n'utilise jamais.




J'ai fabriqué une page de garde pour mon dossier Word. Ce soir, ou peut-être demain (cela ne vous rappelle-t-il pas ce que chantait le papa de Michel Sardou ?)




J'utilise le terme "mosaïque", car mes souvenirs ressemblent plutôt à un puzzle. Je parsemerai ce blog de réminiscences capricieuses. Après on s'amusera à recoller les morceaux.




Bonne fin de journée.

lundi 16 février 2009

Interlude video Candy

Interlude avec Picasa

Posted by Picasa
J'ai retrouvé de vieilles cartes postales de Louvres et je me suis amusée avec Picasa.